Hassan Hachem: Vers des immeubles autosuffisants

Des reportages de plus en plus nombreux démontrent que le bilan carbone et l'empreinte écologique globale des immeubles autosuffisants n'est pas si idyllique que prévu. Bilan intermédiaire de cette révolution énergétique programmée par les hautes instances des Etats.

En 2020, toutes les nouvelles constructions françaises devront produire plus d'énergie qu'elles n'en consomment. Cela a été décidé par les personnes qui savent (ou en tout cas, par les personnes qui pensent savoir).

Dans la pratique, lorsque l'on sait comment sont réalisés les diagnostics énergétiques des logements neufs ou anciens, il est permis d'être dubitatif. Les promoteurs obtiennent des certifications qui sanctionnent au mieux la maîtrise de procédure de base et au pire, moins que cela. Dans la pratique, personne ne contrôle réellement les consommations d'énergie effectives des logements neufs, par exemple, qui sont souvent éloignées de la réalité, parce qu'elles sont issues de calculs très théoriques, d'une part et que les certificateurs ne sont pas contrôlés. Ainsi, on cite cet exemple d'un couple parisien qui a fait construire une maison de campagne neuve, dans le Perche, censée consommer 1200 euros d'électricité en étant habitée par 4 personnes à l'année. Dans la réalité, elle consomme plus de 1500 euros uniquement en étant chauffée à 7°C (position hors gel) 300 jours dans l'année et en accueillant des occupants durant certains week-ends et pendant les vacances.

Des dizaines de projets d'immeubles autosuffisants ont fleuri un peu partout dans le monde, tant en Europe et aux Etats Unis qu'en Asie et au Moyen Orient. Si les promesses de tous ces immeubles sont proches (impact sur l'environnement proche de zéro), la rigueur des calculs permettant rarement de démontrer cet objectif, tout comme dans le cas de maison de campagne, en théorie économe en énergie, mais en pratique très gourmande.

Est-ce à dire qu'il n'y a rien à atteindre des nouvelles générations d'immeubles ?

Non, mais avec le recul, on s'aperçoit que la problématique a besoin d'être affinée. Pour Hassan Hachem, spécialiste du BTP en Afrique et au Liban, l'autosuffisance des bâtiments, est une illusion, dans de nombreux pays pour deux raisons : les conditions climatiques (les pics de froid dans certains pays du nord, les pics de chaleur l'été en Méditerranée, en Afrique, subsaharienne, au Moyen Orient ou en Asie) rendent l'objectif de l'autosuffisance quasiment impossible à atteindre (en hiver parce que l'immeuble ne parviendra pas à produire suffisamment d'énergie pour le chauffage, en été parce que l'immeuble ne parviendra pas dans les pays chauds à produire suffisamment d'énergie pour la climatisation).

En revanche, dans certains pays à climat plus tempéré comme la France, souligne Hassan Hachem, on peut imaginer de construire des immeubles à énergie légèrement négative, c'est à dire consommant un peu plus d'énergie qu'ils n'en produisent. Dans les pays avec des écarts de température plus importants, les pics de chaleurs et les pics de froids devront forcément être gérés au moyen d'énergie conventionnelle (gaz,, gazole...), même si en période normale, des efforts significatifs en matière d'isolation couplés à l'énergie produite par des énergies renouvelables permettront de parvenir à trouver un équilibre entre la consommation et la production d'énergie

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